La néophobie alimentaire en 6 questions

Qu'est-ce que la néophobie alimentaire ?

La néophobie alimentaire est une forme de méfiance envers certains aliments nouveaux, signifiée par un refus de les manger. Cependant, elle se porte parfois sur des aliments connus. Cette crainte se manifeste chez 75% des enfants âgés de 2 ans.

La néophobie alimentaire chez les enfants
Faut-il s'inquiéter si un enfant présente une néophobie alimentaire ?

Il n’est pas nécessaire de s’inquiéter car la néophobie alimentaire une étape assez commune dans le développement de l’enfant qui correspond avec l’âge du « non » (période de l’affirmation de l’identité). Il peut être intéressant de consulter un professionnel de santé si vous avez besoin d’être accompagnés car il arrive qu’on se sente parfois impuissant devant une telle situation. Un professionnel aidera à relativiser et lâcher prise car lorsque c’est le cas, l’enfant réalise alors que son opposition n’a plus d’impact et il peut parfois se remettre à manger.

Quels sont les facteurs de risques de la néophobie alimentaire ?

L’origine est surtout comportementale et en particulier vis-à-vis de l’adulte : un défaut de cadre (ou un cadre trop rigide), l’utilisation d’aliments punition/récompense, la dépréciation de l’aliment (même non-verbale), un défaut de verbalisation ou encore le forçage. Par ailleurs, l’alimentation industrielle ne permet pas de sensibiliser les enfants à la variété alimentaire. Ces aliments ont tous (ou presque) la même texture, la même couleur, le même goût… Cette standardisation de l’alimentation représente ainsi un facteur de risque.

Quelles en sont les conséquences ?

A court terme, la néophobie alimentaire peut engendrer des tensions ou des conflits familiaux lors des repas. A moyen et long terme, les aliments concernés peuvent être catégorisés comme « non appréciés », ce qui peut ainsi réduire le répertoire alimentaire de l’enfant. 

De façon naturelle, la néophobie s’adoucit progressivement avec l’âge. Si le cadre est bien posé et respecté en toute bienveillance, l’enfant accepte de manger et peut à terme apprécier les aliments suspects. La néophobie peut s’étendre jusqu’à 9/10 ans, voire perdurer à l’âge adulte. Cependant, il ne représente qu’un trouble minime.

Y a-t-il des aliments plus susceptibles d’être rejetés que d’autres ?

La plupart du temps, la néophobie porte sur les légumes. Parfois ce peut être envers les aliments d’une certaine couleur, ou bien envers la présence de morceaux mal identifiés.

Quelle stratégie adopter face à un enfant néophobe ?

Un enfant de 2 ans n’est pas encore capable d’intégrer des notions de diététique telles que « les légumes sont bons pour la santé », il est plutôt engagé sur l’aspect sensoriel des aliments. La clef de la stratégie se trouve chez l’adulte. Un moyen efficace est la mise en scène des aliments, par exemple tailler des radis en forme de souris ou de tête de clown.

Faire manger des légumes aux enfants

Une autre astuce (plus longue) est la répétition : il est recommandé de proposer au moins 8 fois le même aliment à un enfant (parfois jusqu’à 15/20 fois !) afin qu’il puisse l’analyser dans un nombre de contexte suffisant pour être en confiance avec celui-ci et l’accepter ou non. La variété est aussi à prendre en compte : il peut être judicieux de proposer chaque jour un aliment différent et parfois revenir sur certains aliments pour conserver la répétition. La variété peut aussi figurer dans la présentation, les couleurs, les textures : une carotte peut être proposée râpée, en purée, en julienne, en rondelles…

Voici d’autres astuces et conseils pratiques :

  • Diversifier le plus tôt possible l’alimentation pour faire découvrir un maximum d’aliments différents aux enfants, si possible avant 12 mois.
  • Verbaliser, chercher avec l’enfant les raisons précises de sa réticence : est-ce la température ? La couleur ? La forme ? L’odeur ? Le petit bout de persil ? L’acidité ?
  • Manger avec lui pour donner l’exemple et prendre son temps
  • Rendre le repas ludique et détendu pour que l’enfant l’associe à un moment agréable : par exemple raconter des histoires rigolote ou fantastique autour des aliments
  • Impliquer l’enfant dans la préparation des plats, le laisser manipuler les aliments, aller au marché avec lui
  • Alterner les aliments dépréciés avec des aliments appréciés 
  • Eviter les mélanges d’aliments : dans une purée de légumes, il sera plus difficile à l’enfant d’identifier chaque aliment et cela peut provoquer une certaine méfiance.
  • Eviter de cacher les aliments car si l’enfant en a conscience (même plus tard), il pourra ressentir de la trahison et/ou de l’injustice, ce qui peut même renforcer la néophobie.
  • Proposer un ordre différent des plats comme des plateaux-repas : présenter tous les aliments du repas en même temps. Ainsi, l’enfant prend connaissance des choix qui s’offrent à lui (quelques jours de pratique sont nécessaires).
Pour conclure

La posture de l’adulte est primordiale dans la gestion de la néophobie alimentaire. De même, la prise de recul permet d’atténuer les tensions éventuelles. L’adulte doit être garant du cadre et donc de l’équilibre du repas, c’est lui qui décide ce que l’enfant va manger en terme de qualité. L’enfant, lui, peut être responsable de la quantité ingérée. Il peut éventuellement choisir l’ordre dans lequel il va manger les aliments. De temps en temps, il est possible d’offrir à l’enfant le privilège d’un choix dirigé : par exemple il peut choisir en amont quel légume il préfère manger au prochain repas (entre deux options). L’enfant se sentira plus libre et autonome, il apprendra à faire des choix et à en assumer les conséquences.

Si vous avez besoin, je peux vous accompagner à ce sujet. En une ou deux séances, je pourrai répondre à vos questions et vous aider à rétablir de la sérénité au moment des repas. Ne jamais oublier que le repas doit toujours être un moment convivial de partages, un acte agréable voire ludique !

Coline GIRERD, diététicienne psycho-nutritionniste pour une alimentation éclairée

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Série animée « C’est bon ! », studio drômois Folimage